Le bruit dans les villes

Vous avez sans doute remarqué pendant le confinement que le bruit des voitures a été remplacé par le chant des oiseaux. Et en effet, d’après Bruitparif, la pollution sonore a chuté de 90% pendant cette période.

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Le mot “noise” en anglais est dérivé du latin “nausea” qui implique que le son entendu soit non-désiré, fort, désagréable ou inattendu. Le bruit environnant est une forme de pollution de l’air ; c’est la deuxième plus grande source de maladie parmi les risques environnementaux en Europe, juste après la pollution atmosphérique.

Parmi les sources de bruit anthropiques, on trouve le trafic automobile, le voisinage, les appareils électriques, la télévision, la musique, les systèmes de sonorisation, le trafic ferroviaire et aérien.

Alors que la pollution sonore a baissé dans les villes pendant le confinement, cette dernière a été croissante ces dernières années. Cela est dû à une augmentation de la population et de la densité urbaine associée à l’utilisation de sources variées et mobiles de bruit. Aujourd’hui, beaucoup de villes ont des difficultés à réduire leurs nuisances sonores.

Pour comprendre pourquoi la pollution sonore peut être un problème, cet article explore les conséquences du bruit sur la santé et la biodiversité et explore quelques pistes de réduction.

Une problématique de santé publique

Le bruit a été une problématique pour les citadins depuis l’Antiquité. A cette époque, une loi interdisait de conduire des chariots dans les rues de Rome la nuit. Cela permettait de limiter le bruit et d’améliorer le sommeil des Romains. La problématique de la pollution sonore est toujours présente aujourd’hui et nous sommes en mesure de mesurer les effets du bruit sur notre santé et bien-être. Cela inclut des perturbations du sommeil, de l’énervement, des risques cardiovasculaires ou la détérioration de l’audition. Les effets physiques et mentaux sur les humains peuvent sérieusement détériorer les conditions de vie des citoyens dans les villes.

Perturbations du sommeil

Il est reconnu qu’un sommeil de qualité est essentiel pour la bonne santé mentale et physique des individus. La pollution sonore peut être une problématique majeure lorsqu’il s’agit d’avoir un sommeil de qualité. Les difficultés à s’endormir, à se réveiller trop tôt et passer des nuits fragmentées sont autant de conséquences de la pollution sonore. Mis à part les effets sur le sommeil lui-même, le bruit durant le sommeil peut aussi augmenter la pression artérielle, le rythme cardiaque, il peut créer des perturbations de la respiration et d’autres problématiques physiologiques. Cela peut mener à des problèmes mentaux et physiques comme des formes de dépression ou de la fatigue chronique.

Agacement

D’après l’Organisation Mondiale de la Santé, “l’agacement est le sentiment d’une gêne ou d’une insatisfaction causée par un facteur environnemental connu ou dont un individu croit qu’il affecte sa santé”. Le niveau d’agacement ressenti dépend du type de bruits, de sa fréquence et dans le contexte, d’autres facteurs. En Europe, l’OMS a rapporté qu’une personne sur trois était indisposée par le bruit dans les transports. L’agacement entraîne une baisse de qualité de vie, c’est à dire une dégradation de la santé et du bien-être.

Risques cardiovasculaires

Le bruit agit comme un élément de stress pour le corps. Il provoque une réaction préparant le corps à une réponse du type : “se battre ou mourir”. Le bruit peut à la fois provoquer de l’endocrine et une réaction nerveuse automatique du système nerveux qui affecte le système cardiovasculaire. Sur le court terme, l’exposition provoque souvent des changements physiques réversibles. Cependant, une haute intensité de bruit sur un temps long peut provoquer des changements non réversibles. Cela peut mener à des maladies cardiovasculaires. L’exposition quotidienne à plus de 65 dB peut être porteuse de ce type de dangers. Si l’on considère que les citadins sont régulièrement exposés à des sons situés au-dessus de 85 dB à cause du trafic routier, du métro, des activités industrielles, ou des aéroports ; la pollution sonore présente de sévères risques.

Détérioration de l’audition

De hauts niveaux de pollution sonore peuvent mener à une détérioration de l’audition causant à son tour des sentiments d’isolation, de dépression ou tout simplement de gêne. La détérioration de l’audition est l’augmentation du seuil sonore des sons entendus. La surdité est évaluée par un test d’audiométrie. Elle peut être accompagnée de perceptions anormales d’un volume sonore fort, de distorsion du son, et d’acouphènes. D’après une étude de l’OMS à Delhi (une des villes ayant le volume sonore le plus élevé) en moyenne, les résidents ont une perte d’audition équivalente à ce que les personnes de 20 ans plus âgées peuvent ressentir.

Une problématique de biodiversité

L’IPBES estime que 25% des espèces risquent de disparaître. L’exploitation par l’homme des ressources naturelles, l’agriculture intensive, les pesticides font partie des causes de la perte de biodiversité. La pollution sonore joue aussi un rôle majeur dans l’extinction de certaines espèces.

Premièrement, la pollution sonore peut changer le comportement des animaux. Cela peut mener à l’extinction d’espèces. Dans le Colorado, aux Etats-Unis, des scientifiques ont étudié les effets du bruit sur un groupe de chiens de prairie (sorte de rongeurs). Ils ont observé que leur état d’alerte avait augmenté de 48% et que les comportements de socialisation et repos avaient été réduits de moitié. Les scientifiques ont observé que cette sollicitation constante pouvait sur le long terme, affecter la forme physique et potentiellement impacter la survie et la reproduction de ces rongeurs. Ce haut niveau d’attention a un prix pour l’organisme. Ainsi, l’adaptation des chiens de prairie à la pollution sonore impacte leur métabolisme et met en danger leur espèce.

De plus, la pollution sonore peut avoir des impacts physiologiques sur les animaux. Des études sur les souris et rats montrent que la pollution sonore augmente le stress, et peut mener à une altération des intestins, du diabète, et d’autres formes de problèmes de santé des animaux.

La pollution sonore est donc une menace de taille pour la biodiversité.

Réduction du bruit

La réduction de l’activité humaine serait le moyen le plus efficace de réduire la pollution sonore. Cependant, ce n’est pas toujours facile à appliquer dans les grandes villes. Ainsi, l’urbanisme et l’architecture peuvent contribuer à la réduction du bruit.

Les deux principaux pollueurs sonores sont les transports et l’activité industrielle. Par conséquent, de simples changements urbains tels que la modification des routes en pistes cyclables peuvent faire une grande différence.

En outre, les architectes peuvent réduire le bruit de certaines manières afin d’améliorer le bien-être des citoyens ;

Plantation

La création d’espaces verts dans la ville peut contribuer à la tranquillité des espaces à proximité et du bâtiment lui-même. Elle peut attirer les oiseaux dans le centre de la ville et dissimuler les bruits indésirables. La végétalisation des murs peut également réduire la réflexion du son.

Matériaux

La création de surfaces acoustiquement plus douces peut réduire le bruit dans une zone. Les surfaces dures doivent être remplacées par des surfaces/plantes perméables. Cela peut créer des zones plus calmes.

Structure de l’eau

Le bruit de fond de la ville est masqué par la structure de l’eau. Les architectes peuvent essayer d’en tirer profit en créant des structures comme des fontaines à eau.

Barrières antibruit

Des barrières peuvent être utilisées pour réduire l’impact du bruit de la circulation. Des barrières antibruit bien conçues peuvent être utilisées de manière créative dans les espaces urbains ouverts. Béton, verre, métaux et mélanges de matériaux recyclés.

Les murs et les bâtiments sont considérés comme des barrières résistantes qui produisent des effets tels que des échos et un long temps de réverbération, tandis que les distances respectueuses sont considérées comme des transitions acoustiques douces entre différentes formes d’activités urbaines.

Conclusion

Afin d’améliorer les conditions de vie des citoyens, les gouvernements doivent prendre des mesures et créer des lois qui garantissent un faible niveau de bruit. De plus, les architectes et les urbanistes doivent prendre en considération ce facteur afin de concevoir les villes et les bâtiments appropriés. Il est essentiel de rétablir les niveaux acoustiques naturels de la ville afin de créer des villes plus durables, plus résistantes et plus inclusives.